JOYAU DE LA FAUNE MALGACHE
Lors de
l’arrivée des premiers hommes à Madagascar il y a plus de 1500 ans, il y
existait plus de 45 espèces de primate, dont l’un avait la taille d’un
Orang-outan mâle adulte. Comme 14 autres espèces de lémurs, il s’est éteint. Il reste une
trentaine d’espèces, dont le sifaka, mais la situation de certaines est si précaire
qu’elles risquent bientôt de partager le même sort.
Madagascar souffre des conséquences de l’expansion de la culture sur brûlis, de la
création de pâturages à l’ouest et sur les montagnes centrales. Ce qui entraîne
une destruction des forêts qui a pris une allure extrêmement inquiétante. Le
symbole de cette faune unique est le Lémur qui ne trouve sa place nulle part
ailleurs.
Les lémuriens sont exclusivement malgaches hormis les deux espèces récemment
introduites aux Iles Comores (le Lémur mongoz, très menacé, et le Lémur brun,
où ils ont été introduits il y a quelques centaines d’années). Joyau de la faune malgache, le lémurien est un
animal avec de grands yeux pour une meilleure vision de nuit ou pour mieux
apprécier le relief et la distance qui sont des éléments vitaux lors des sauts
dans les arbres. Le pelage des lémuriens est assez dense, parfois laineux, avec
une préférence pour la couleur sombre pour les petites espèces à majorité
nocturnes, et coloré ou blanc pour les grandes afin de mieux se protéger du
soleil.
LEMURIEN DANSEUR
Le Sifaka, de son nom scientifique
Propithecus verreauxi est un prosimien lémuriforme de taille moyenne de mœurs
diurnes et très doué pour le saut.
Le nom de Sifaka lui vient de son étrange façon
d'alerter les autres membres de son groupe d'un danger : " shi-fakh! shi-fakh! "
Ce sont des animaux de grande taille, qui pèsent
près de quatre kilos. Les membres postérieurs, plus longs et plus robustes que
les antérieurs, leur permettent de faire des bonds de plusieurs mètres. Les
bras, moins forts, sont reliés au tronc par une surface de peau. La tête est
ronde, avec un museau faiblement proéminent et de petites oreilles.
La longueur
du corps est de 40 à 65 cm. La queue est longue (40 à 65 cm) mais peu musclée.
Le pelage est de couleur variable et plutôt bigarré, présentant un mélange de
tons blanchâtres et de tons bruns plus ou moins clairs. Ses pieds sont beaucoup
plus longs que ses bras, ce qui lui permet de faire d'incroyables acrobaties
entre les arbres
Il est le seul prosimien, avec le maki, à descendre
fréquemment au sol. Quand il est à terre, le Sifaka se déplace à la verticale
en se balançant avec élégance sur le sol par une succession de petits bonds,
(pieds joints) sur les côtés, en gardant les 2 longs bras écartés
horizontalement et balancés au niveau de la tête
pour assurer son équilibre (comme un funambule marchant sur une corde), d'où
son appelation de lémurien danseur. De ce
fait, il est le plus magnifique à observer
Comme tous ses pairs de la famille des Indridae, il
se déplace par bonds d'arbre en arbre ou plutôt de tronc en tronc.
Excellent acrobate, le Sifaka court et saute sur les branches. Il est admirable par sa
dextérité et son agilité. C'est un grand spécialiste de la voltige et des
entrechats. En effet, bipède au sol, il peut réaliser des bonds allant jusqu'à
10m, et vole d'arbre en arbre dans les forêts.
Les
Sifakas ont la particularité de se mouvoir dans les arbres épineux de la forêt
sèche. Ils peuvent faire des sauts de 6 mètres au travers des arbres pieuvres
du Sud de Madagascar.
LES 2 ESPECES DE SIFAKA
Il existe deux espèces de Sifakas: le propithèque
de Verreaux et le propithèque diadème. L'une et l'autre ont évolué différemment
selon la région et le milieu naturel qu'elles habitent. Aussi rencontre-t-on
des populations de coloration fort différente les unes des autres. Tous les
Sifakas sont forestiers et ils remplacent les singes véritables, absents de l'
île de Madagascar
Le Sifaka de Verreaux est sociable et évolue en petites bandes de 6 à 8
individus, constituant une ou deux familles alliées
Le Sifaka diadème (Propithecus diadema), a le pelage plus foncé. D'après les couleurs
très différentes de son pelage le Sifaka diadème est divisé en plusieurs
sous-espèces: le Sifaka de Coquerel, le Sifaka de Decken, le Sifaka couronné le
Sifaka de Forsyth …..
Les 2 espèces du genre Propithecus, prises
ensemble, couvrent de leur distribution presque toutes les régions forestières
de Madagascar.
Ce sont des primates diurnes, grands amis du
soleil, qui ne ratent jamais l'occasion de prendre des bains de soleil
prolongés. Tôt le matin, ils prennent le soleil sur les hautes branches de la
forêt, en position assise, les bras écartés pour accumuler le maximum de
chaleur. Pendant la forte chaleur, les bandes de Sifakas se reposent et ces
animaux, d'ordinaire si loquaces, restent alors muets.
Lorsqu'ils se trouvent en activité, ils
maintiennent un contact acoustique constant les uns avec les autres. Ils
émettent des sortes de gloussements, mais parfois lancent de brefs aboiements.
Ils sont doux de caractère.
Diurnes, folivores et frugivores, il arrive au
Sifaka de descendre à terre pour y ramasser des fruits mûrs.. Contrairement aux
singes, le Sifaka utilise rarement ses mains pour prendre de la nourriture. Son
régime alimentaire consiste presque exclusivement en feuilles et bourgeons. Son
menu préféré sont les feuilles de tamarinier, manguier et kapokier
les Sifakas passent 40 % de leurs temps à manger
dans les arbres. Ils n'ont pas besoin de boire car ils obtiennent toute l'eau
dont ils ont besoin dans leur nourriture.
Durant les heures chaudes, les Sifakas font la
sieste en attendant la fin de journée pour retourner s'alimenter de fruits et
de feuilles
Leur biotope se trouve dans les forêts galeries de
l'Ouest, du Sud Ouest et du Sud de l’île, la région la plus indiquée pour son
observation est BERENTY (FORT DAUPHIN)
Ils vivent en petits groupes de 2 à 12 individus,
selon les régions, en général sous la conduite de la femelle, sur des
territoires de 0,2 à 10 ha marqués par odeur anal (Des groupes de 6 à 8
individus sont les plus fréquemment observés).
Un petit naît en juin - juillet après une gestation
de 5 mois, porté comme une ceinture autour de la taille au départ puis se met
sur le dos après quelques mois et est indépendant à 6 mois.
Les jeunes plus actifs passent des heures à jouer
dans les branches sous l'œil attentif et attendri de leurs parents.
Les Antandroy (peuple du Sud de l’île) les
considèrent comme de lointains ancêtres car leur position au soleil leur fait
penser à un homme qui prie. Pour les mêmes raisons, ils protègent également
l'autre espèce de lémuriens commune du Sud, le lémur Catta à queue annelée
encore appelé " maki ".
Particulièrement liés à l'existence de la forêt
primaire, toutes les espèces de Propithèques sont en voie d'extinction : un
projet d'élevage pour ces espèces très menacées semble essentiel et primordial
pour leur survie.
Les lémuriens sifaka
s'automédicamentent pendant la grossesse
Swissinfo 23.01.2003
LONDRES - La femelle sifaka, un lémurien de Madagascar, consomme pendant
sa grossesse des plantes contenant des tanins toxiques. Pris en petites
quantités, ils stimulent la production de lait. Les vétérinaires les utilisent
pour éviter les fausses couches.
Les chercheurs de l'université de Kyoto qui ont fait ce constat pensent
avoir ainsi mis au jour le premier exemple connu d'automédicamentation pendant
la grossesse dans le monde animal.
Selon Michael Huffman, spécialistes des singes à l'université de Kyoto,
les femelles sifaka enceintes observées à Madagascar consomment davantage de
ces plantes riches en substances tanniques que d'autres lémuriens mâles ou
femelles.
D'autres primates ont été vus mangeant des plantes médicinales. «Quelque
39 espèces ont été observées mangeant de la terre, ingurgitant du coup des
substances qui permettent aux animaux d'absorber des plantes toxiques sans
tomber malades», explique la revue.